Edmund White :
« This book is as honest as it is imaginative — at last a sex memoir that explores religion, the history of painting, history itself! — and that finds in sex the connective tissue of all our experience. »
(trad. : ce livre est aussi honnête qu’imaginatif – enfin un sex memoir qui explore la religion, l’histoire de la peinture, l’histoire elle-même ! – et qui trouve dans la sexualité le liant de toutes nos expériences.)
Verdier, 2021
A paraître le 4 mars 2021.
Zakaria vient quand il veut, et s’en va à sa guise. C’est l’amant imprévisible, mais qui apporte quelque chose d’unique. Pas tout à fait l’amour et pas seulement le sexe. La rencontre d’un soir est peu à peu devenue une liaison qui se cache mais qui dure. Jusqu’à ce que l’interdit religieux et les fantômes s’en mêlent. Et que la complicité se grippe. Quelle relation inventer alors pour ne pas tout perdre ?
Sous la trivialité ou la mécanique de l’acte sexuel, n’y a-t-il pas une rivière cachée où tout roule avec des mystères révoltants ? Au-delà des transports amoureux et frustrations inévitables, c’est cette rivière inaperçue que tente de retrouver ce récit qu’on pourrait qualifier d’érotique. Pussyboy est peut-être le tracé d’un imaginaire qui cherche le moment de son carré blanc ; c’est-à-dire de ce qui censure ou ne peut se représenter, et dont le corps ouvre en nous la porte inconnue.
(Photo: Play Station, from the series For Your Eyes Only © Pixy Liao)
Axel Dinh (En attendant Nadeau) :
… Le sexe, comme le reste, est toujours affaire de mots, qui dictent à l’avance les paroles et les gestes tout en donnant le cadre de leur réinvention perpétuelle. « Je cherchais l’extinction du langage », affirme le narrateur, et pourtant de cette recherche dans le sexe ne subsiste qu’un texte, comme un « drap rapiécé » où surgissent çà et là les souvenirs de famille qui s’entrechoquent avec les ébats racontés. C’est un jeu de dupe, comme le sexe, où la recherche du prélangage se perd dans la surabondance des mots et des points de vue, comme une rédemption toujours poursuivie mais jamais atteinte.
Rodolphe Perez (Zone Critique) :
… C’est bien l’œil grand ouvert sur un corps suspendu au désir que se regarde Autréaux, avec la minutie du poète, dans un roman d’une sensibilité étourdissante où se croisent la recherche éternelle d’un sens, l’épreuve de soi et l’expérience des limites de la chair. Au gré des intermittences de l’amour et de l’érection, là où le « désir est un rift », Autréaux maintient ouverte la béance d’un érotisme de soi comme enjeu d’une vérité d’être au monde…
Guillaume Lecaplain (Libération) :
Ce nouveau récit se place dans l’exacte continuité de ces premiers ouvrages. D’abord sur le plan temporel, puisque les faits qu’il relate se déroulent après l’épisode de la maladie, mais aussi parce que le narrateur vit autant, connecté au corps de Zakaria, un apaisement et une élévation. En clair, s’ouvrir à lui donne au narrateur de toucher une nouvelle fois au monde solitaire et peu éclairé de l’extase, qui est à la fois celui du mystique et de l’enculé. «Je me dis qu’on pourrait bien appeler érection le fait de pouvoir jouir divinement sans avoir à bander. A moins que cela ne s’appelle assomption et ne concerne que la Vierge et quelques anciens prophètes». Ce que décrit Autréaux, c’est la recherche d’une jouissance sans éjaculation comme d’une foi sans religion : et dans les deux cas, il s’agit d’accepter de se laisser pénétrer. Ce, malgré l’opprobre.
Johan Faerber (Diacritik) :
… Contant la liaison qui l’unit un temps à Zakaria, Autréaux dévoile un texte d’une rare puissance d’intellection de la vie, du tissu impalpable qui unit un être à l’autre, même furtivement. Interrogeant le rapport ardent à la foi religieuse, Pussyboy ne se donne pas uniquement comme un récit d’une passion amoureuse mais aussi comme un questionnement mystique en action.
Claudine Galéa (remue.net) :
… Pussyboy est un livre nu. Je dis nu pour ne pas dire cru. À cause de ce que ce mot traîne encore de scorie voyeuriste, d’un obscène qui serait pornographique, et aussi de ce que le mot « porno » engendre de malentendu. Et cependant ce sont ces mots qu’il faut remettre sur le devant de la scène. Le désir est toujours nu et cru ! Cru comme l’appétit, comme ce qui emporte, comme l’enfance, impudique, parce que la valeur morale attachée au mot pudeur n’a pas encore atteint la simplicité à exister des enfants.
Parce qu’il y a de l’enfance et de la simplicité dans ce livre, et pas de pudeur — « fausse pudeur » est encore un maniérisme, non ?
Carole Darricarrère (Sitaudis) :
Livre d’impasses culturelles autant que charnelles, éloge de la diversité – domino, dominant, dominé -, deux univers ici s’interpénètrent pour des raisons diversement obscures – les gens du Livre, les gens du bled -, pour mieux se séparer : « Tout amant est une chimère. (…) Ou plutôt, tout amant crée un couple de chimères. » ; dès lors l’illusion, l’incongrue « glande de fiel au goût amer mais qui rend la vue » et « un sentiment très désagréable d’asymétrie », « poussent la lucidité au point de néant ou d’extase blanche ».