Se survivre

Mon premier grand voyage, c’est au Vietnam que je l’avais fait.
Là-bas, je m’étais lié à un poète dissident. Plusieurs fois, j’ai tenté d’écrire son histoire. Sans y parvenir.
La maladie est aussi un voyage, répète-t-on.
Il est illusoire de croire que dans une chambre on se souvient de sa vie, et je doute qu’au moment de mourir on se remémore tout en accéléré.
Il y a des souvenirs qui n’ont pas la force de nous accompagner jusqu’au bout, on ne peut prendre que très peu de bagages avec soi. Et à partir d’un certain point, qui n’est pas encore la mort, plus aucun. Ce point-là, d’autres en ont parlé. Je me sens proche d’eux désormais. Mes frères, oui, mes frères. Comme ce vieux poète.
Il y a aussi des souvenirs qui indiquent ce qu’on doit faire.
Dans mon île, c’est la promesse à ce vieil homme qui me taraude surtout. Culpabilité ou désir d’être en paix : si je dois mourir bientôt, me dis-je, qu’au moins j’aie pu accomplir cela…

Editions Verdier, 2013

Une promesse est au cœur de ces tableaux : celle, faite par un jeune homme à un vieux poète dissident, d’écrire son histoire. Les années les ont éloignés, la promesse n’a pas été tenue. Le sentiment de cette dette resurgit quand le jeune homme se découvre gravement malade. Il s’efforce alors de s’en acquitter.

Se survivre clôt un cycle d’écriture, dont l’ambition a été de faire du moi malade un espace littéraire.

Ce livre est dédié à la mémoire de Hoang Câm.

 

Galerie
Extraits de presse
par C. Raynaud de Prigny (Notes bibliographiques, mai 2013)
Médecin exigeant, attentif aux autres, écrivain d’une rare subtilité, Patrick Autréaux l’a déjà prouvé (Le Dedans des choses, N.B. avril 2012). Atteint d’une grave maladie il s’observe, se raconte, voudrait tenir la promesse faite il y a quelques années à un ami, poète vietnamien, d’écrire son histoire. Au fil des pages il décrit avec pudeur l’évolution de sa maladie, la fatigue qui l’éloigne des autres et ses rapports avec la littérature. Sa seule certitude est d’écrire dorénavant autrement, « écrire pour les temps de malheur », écrire sur ce monde invisible aux gens en bonne santé, qui n’ont pas vécu ces temps de malheur et ont gardé en eux une part d’ombre. La lucidité de l’auteur est admirable, explicitée par des mots parfaitement choisis. Quelques strophes de ses poèmes, bienvenues, enrichissent le texte. Si la maladie isole, meurtrit et éloigne, elle féconde et transforme aussi, c’est le message de ce petit livre.
Proses des frontières par Jacques Henric (Art press, mai 2013)
II n’est de vie humaine qui ne soit traversée de frontières. Certaines poreuses, aisées à traverser. D’autres traçant une ligne de partage qui une fois franchie laisse peu d’espoir de retour à un lieu et un temps d’origine. Celle, bien sûr, absolue séparant vie et mort. Rien à en dire, personne pour témoigner. Pas de récit, sauf imaginaires. Religions et mythologies ont rempli les vides. Il est une frontière qui vaut comme rappel. Rappel de l’horizon de la mort au sein de la vie : la maladie.
Du moins un certain type de maladie, celle dont on ne peut jamais dire qu’on en est guéri. L’évoquant, Patrick Autréaux, dans son très beau récit, Se survivre, écrit : « Je vais donc survivre ? Je ne pose pas cette question. Vivre n’est pas survivre »…

Se survivre par Thierry Cecille (Le Matricule des anges, avril 2013)
La maladie serait-elle la dernière forme de destin capable, sans crier gare, de nous confronter à ce qui nous dépasse et au bouleversement intime le plus profond ? Le mot est là, d’emblée, dès la première page : le cancer. Sitôt qu’il est dit, celui à qui on l’annonce passe de l’autre côté d’une frontière invisible mais radicale : il n’est plus des nôtres. Patrick Autréaux le formule dans une langue métaphorique qui va être, osons l’image, le scalpel qui lui permet de disséquer son propre corps : « J’étais devenu un habitant de ce rien qui entoure tout ».

 

Radio, Télévision
23/01
2014
28 minutes
Arte
04/04
2013
Un autre jour est possible
par Tewfik Hakem
Rencontres
02/04
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Marathon des mots
Âmes errantes (lecture dansée avec Thierry Thieû Ning)
09/11
2013
Foire du livre
Brive-la-Gaillarde
28/06
2013
Marathon des mots
Lecture par Boris Terral et l'auteur, Musée Paul-Dupuy
20/06
2013
Congrès des Sciences humaines en médecine et santé
Lecture de Se survivre Université de Picardie, Amiens
16/06
2013
Villa en fête
Lecture de Se survivre à la Villa Marguerite Yourcenar
26/05
2013
Passage de témoins
Ville de Caen
15/04
2013
Schoenhof’s foreign books
Reading at Harvard square, Cambridge, MA
08/04
2013
Ecrire le moi malade : au-delà de la douleur
Boston University
15/03
2013
Les Cahiers de Colette
Liens
Lecture
Librairie Schoenhof's (avril 2013 - Cambridge, MA, USA)
Editions Verdier
Revue de presse complète
La maladie, catastrophe intime
par Claire Marin, PUF
Articles, critiques
Se survivre
Par Nathalie Crom (Télérama, 17 juin 2013)
La poésie noire de la douleur
Par Cathia Engelbach (18 mars 2013)
Trois autoportraits de la maturité
Par René de Ceccatty (Les Lettres françaises, 12 mars 2013)
Se survivre
Par Thierry Cecille, Matricule des anges, 9 avril 2013
L’alchimie-thérapie à l’oeuvre
Par Christian Delahaye (Quotidien du médecin, 15 avril 2013)
Ecrire pour renaître
Par Florian Quentin (La liberté, Suisse, 20 avril 2013)
Proses des frontières
Par Jacques Henric (Art Press n°400, mai 2013)