PUF, 2018
in Penser le soin avec Simone Weil (dir. par Nathalie Zaccai-Reyners et Martin Dumont, PUF)
texte écrit en écho à L’amour de Dieu et le malheur de Simone Weil
« Deux fois, j’ai été malheureux d’amour. Au point de vouloir en finir avec la vie. Il m’avait fallu de très longs mois et en fait plusieurs années (au cours desquelles je me suis très souvent récité ce vers de Marceline Desbordes-Valmore) pour sortir vraiment de la première histoire. Je m’en sentais tout juste libéré lorsque survint cet autre malheur sur lequel j’ai écrit depuis : un cancer dont la convalescence fut quelque peu méandreuse.
La seconde histoire commença elle bien après cette épreuve. Et alors que je me savais descendre du haut de la vague amoureuse, emporté par la pente et voyant la noyade à quoi j’allais devoir échapper, je me suis souvenu d’une parole que j’avais écrite sur mon lit d’hôpital à une amie qui m’avait soutenu lors de ma première débâcle affective : Je préfère encore un cancer à une passion amoureuse.
Dans la bouche d’un autre, cette phrase eût été provocatrice, et je la rapporte en rappelant qu’elle était formulée en un temps où j’étais encore réellement menacé, et que, même s’il y entrait un peu de bravade, j’étais convaincu qu’il y avait quelque chose de vrai dans ce que j’avançais… »