L’Époux
A paraître en mars 2025 aux Éditions Gallimard, en co-édition avec les Éditions Labor & Fides. Le jour de leur mariage à la...
Lire la suite >A paraître en mars 2025 aux Éditions Gallimard, en co-édition avec les Éditions Labor & Fides. Le jour de leur mariage à la...
Lire la suite >I will be writer-in-residence at Boston University during the 2024 Fall. And will teach my doctoral seminar : Through a writer's eye. This seminar...
Lire la suite >Les écrivains sont souvent des oscilloscopes. Et leur vie consiste peut-être moins à démontrer qu’à inventer une forme pour ce qu’ils perçoivent confus en eux, ou invisible encore autour d’eux. Ils écrivent pour donner corps. (…) Très jeune, j’ai eu le sentiment que l’individu que je suis était menacé. Que pour vivre un processus de continue transformation, je devais me laisser pénétrer, mais écouter au sein de ce tâtonnement un je ne sais quoi qui mettait en garde. Jouer donc. Mais prudent devant tout ce qui tendait à exercer sur moi son pouvoir, famille amis amours croyances modes et autres pressions sociales. Est-ce la conséquence d’un caractère indépendant, d’une allergie à la mauvaise foi et au déni, d’un goût pour la vérité jamais atteinte, pour les démarches rationnelles contradictoires qui savent encore rêver ? Est-ce le plaisir de constamment remettre en question ce qui m’est donné pour acquis, ce que j’ai appris, mon jugement même ? Pour savoir d’expérience qu’on vit sur une branloire pérenne, j’ai tenté de faire de l’écriture un radeau qui permette de traverser le tumultueux réel sans fermer les yeux, essayant toujours de comprendre, sans oublier d’aimer, de me projeter en l’autre. De cela j’ai fait ma vie peu à peu…
(extrait de Dans un mois, dans un an)
Il y a peut-être vraiment dans l’existence de chacun un lieu secret d’où l’on part, quand on a quitté toute maison. Pour écrire, il faut d’abord oser se tenir là où tout a tant débordé qu’il n’est plus de toit possible. Cette idée m’habite comme une rengaine. Écrire où ça déborde. C’est ce qui était compliqué, je le constatais à chaque livre. J’ai longtemps cru que l’annonce de mort était un lieu source. La violence nous trompe, ce n’est pas la frayeur qui est une source, mais bien ce qu’elle permet d’effleurer parfois : l’intensité de cette étreinte intérieure, après l’effondrement. C’est la conscience de ce moment d’où je viens. Accompagnée par la conviction très aiguë que j’avais été jusque là à côté de la vie, que ce qui arrivait me donnait à éprouver, pour la première fois à ce degré, que j’étais vivant.
(extrait de La Voix écrite)